L'opération séduction de Marine Le Pen pour ravir la présidence du Front national ne se joue pas que sur le terrain des idées. Hier, à l’occasion du conseil national du parti qui s’est tenu à Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes), l’adversaire de Bruno Gollnisch a sorti le grand jeu— et la carte glamour pour convaincre les cadres et les militants : lunettes de soleil en guise de serre-tête et petite robe en coton piqué pour dévoiler le bronzage encore intact de ses vacances en Espagne. Officiellement, cette tenue légère était justifiée par le soleil de plomb qui régnait au bord de la Méditerranée. Il n’empêche. La benjamine du clan Le Pen n’a pas résisté en fin d’après-midi au plaisir de poser, pour les photographes, sur la plage de sable fin…

Gollnisch brille par son absence Désormais, tous les coups sont donc permis pour prendre la tête du parti.A quatre mois du congrès de Tours, les 15 et 16 janvier, Marine Le Pen a pris une sérieuse longueur d’avance. Hier, Bruno Gollnisch, son adversaire, a même brillé par son absence à partir de la mi-journée,quittant le conseil national pour rejoindre un mariage où il était invité en région Rhône-Alpes. « Il est totalement absent, on ne sait pas à quoi il joue»,confie un proche de Jean-Marie Le Pen, visiblement agacé parce comportement.

L’appareil du parti ne cache plus sa préférence pour la vice-présidente, autorisant même l’ac cès du conseil national — pourtant organisé à huis clos—aux journalistes au moment de son intervention. Gollnisch, lui, n’a pas eudroit à pareille faveur au moment de son discours… Une semaine après avoir annoncé officiellement qu’il préférait sa fille pour lui succéder, Jean- MarieLe Pen a enfoncé le clou hier : «Il faut beaucoup de qualités et être très habile pour occuper la présidence du Front national. Il me semble que Marine a le profil idéal »,a-t-il insisté, avant de réclamer, dans son discours de clôture, une « campagne loyale », empreinte de «correction réciproque». Autant dire qu’il reste peu d’obstacles à Marine Le Pen. Vendredi soir, à Cuers (Var),elle a tenu devant 450 personnes son premier meeting de campagne, où elle est restée pendant plus d’une heure à signer des autographes et à poser pour les photographes. « Concrètement, en janvier 2011, la question à laquelle les adhérents du Front national devront répondre est : quel est le meilleur candidat pour nous représenter à l’élection présidentielle ? soulève-t-elle,alors que les sondages la créditent de 12 % des voix pour 2012. Ne pas prendre en compte cette réalité, c’est prendre le risque de la machine à perdre. »